[Mise à jour du 30 octobre à 12h51]. La rentrée du 2 novembre est une nouvelle fois particulière entre les nouvelles mesures sanitaires à l'école et l'hommage à Samuel Paty. Jean-Michel Blanquer a confirmé à plusieurs reprises qu'il souhaitait maintenir la rentrée scolaire et l'hommage du 2 novembre, mais qu'elle serait décalée à 10 heures dans tous les établissements scolaires de France. Toutefois, c'était sans compter le nouveau protocole sanitaire, à mettre en place dans un délai très court pour les écoles. Pour laisser le temps aux établissements scolaires de s'organiser, plusieurs scénarios sont avancés et le ministre de l'Education devrait donner plus de précisions ce vendredi. Jean-Michel Blanquer avait d'ailleurs confirmé le maintien de l'hommage à Samuel Paty dans les écoles, mais de manière adaptée aux nouvelles mesures sanitaires. "Nous allons respecter les règles sanitaires", et "sans doute aménager un peu ce que nous avions prévu"
- La rentrée scolaire du 2 novembre à 8 heures ? Cette option permettrait aux élèves de rendre hommage à Samuel Paty en respectant une minute de silence. Cet hommage pourrait avoir lieu dans la cour de récréation en respectant les gestes barrière, ou en classe, selon les établissements. Plus tardivement, les enseignants aborderaient alors la liberté d'expression en classe avec par exemple, la lecture de la "Lettre aux instituteurs et institutrices" de Jean Jaurès.
- La rentrée du 2 novembre décalée l'après-midi ? Cette solution permettrait alors aux équipes pédagogiques de mieux s'organiser pour accueillir les élèves en respectant le nouveau protocole sanitaire renforcé.
- Une rentrée des classes le mardi 3 novembre ? Le ministère de l'Education pourrait également opter pour une rentrée le lendemain, afin de permettre une nouvelle fois aux établissements scolaires de s'adapter à ce nouveau protocole.
"Dès la rentrée de lundi le protocole sanitaire sera renforcé pour assurer la protection de tous. Conformément à l'avis que nous a transmis hier le Haut Conseil de la santé publique, le port du masque sera étendu aux enfants du primaire dès l'âge de 6 ans" a annoncé Jean Castex à l'Assemblée nationale ce jeudi. La rentrée du 2 novembre sera aussi dédiée à l'hommage rendu à Samuel Paty, l'enseignant d'histoire-géographie décapité à Conflans-Sainte-Honorine, pour avoir montré des caricatures de Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression.
Les caricatures de Mahomet seront-elles montrées aux élèves ?
Le ministère de l'Education nationale met à disposition des enseignants des ressources pédagogiques, mais les caricatures de Mahomet n'en font pas partie. En fonction de l'âge des élèves, les enseignants pourront s'appuyer sur la lettre d'Albert Camus à son instituteur Louis Germain qui avait été lue lors de l'hommage national à Samuel Paty, du poème d'Eluard "Liberté, j'écris ton nom" ou encore des textes d'Aragon, de Tocqueville, de Victor Hugo. Les professeurs pourront également présenter en cours un tableau de Delacroix ainsi qu'un dessin de Plantu. Néanmoins, les professeurs sont libres de les utiliser ou non en classe.
Et en maternelle ?
A l'école primaire, il y aura aussi un temps pédagogique, dont les modalités doivent être mises en place avec les syndicats. Une minute de silence sera également respectée à l'école élémentaire et prendra la forme d'un simple temps calme en maternelle. Toutes les classes feront néanmoins leur rentrée à 10h.
Laïcité, sécurité à l'école : dernières annonces et mesures
- La rentrée scolaire devait être décalée à 10h ce lundi, mais le ministère de l'Education nationale doit se prononcer sur l'organisation de la reprise. Pour permettre aux établissements scolaires de s'adapter au nouveau protocole sanitaire en cette période de confinement, la rentrée pourrait être décalée l'après-midi ou le mardi 3 novembre. Jean-Michel Blanquer doit se prononcer cet après-midi.
- Plan Vigipirate en "urgence attentat". Après l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine, Gérald Darmanin avait insisté sur le renforcement des mesures de sécurité dans les écoles. Il recommande également une remontée rapide de toute menace dans le cadre scolaire, y compris celles repérées sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, suite à l'attaque terroriste dans la basilique Notre-Dame de Nice ce jeudi 29 octobre, le premier ministre Jean-Castex a décidé de relever le plan Vigipirate au niveau maximal "urgence attentat" dans toute la France.
- Les élus invités à participer à la rentrée du 2 novembre. Le ministre de l'Education a invité tous les élus de la République, députés et sénateurs à être présents à la rentrée dans les établissements scolaires, auprès des professeurs. "Cette présence sera le signal du soutien de la Nation à tous les professeurs" a précisé le ministre qui souligne également leur rôle essentiel : "le professeur est central dans notre société, il doit être respecté, il incarne la République".
- Jean-Michel Blanquer a confirmé que "tous les problèmes liés à la laïcité et à la violence" devront désormais être signalés. "Le problème vient aussi parfois des familles. Il faut donc retrouver cette règle d'airain : les parents ne se mêlent pas de pédagogie. Et toute agressivité d'un parent doit être suivie d'une réaction de l'institution", avait expliqué le ministre de l'Education, qui souhaite "une prise de conscience collective".
- "Il ne doit y avoir aucune compromission avec le radicalisme islamiste, que ce soit à l'école ou aux abords de l'école", a affirmé Jean-Michel Blanquer. "Nous devons très clairement affirmer que le principe de laïcité ne souffre d'aucune compromission ni aucune remise en question, c'est pourquoi nous avons inscrit le respect du professeur par les parents d'élèves dans l'article 1 de cette loi" a déclaré Jean-Michel Blanquer à l'Assemblée nationale ce 20 octobre.
- "Il n'y aura aucune concession sur les principes de la République, ni aucune concession sur la liberté d'expression", conclut le ministre de l'Education.
- Un ouvrage de caricatures en préparation, distribué dans les lycées ? Pour défendre la liberté d'expression en France, et continuer de sensibiliser les élèves, les 13 régions de France ont pris initiative de préparer la publication d'un ouvrage rassemblant les caricatures religieuses et politiques les plus marquantes parues dans les quotidiens de la presse régionale. "Nous allons demander à un collège d'historiens d'y remettre en perspective le droit à la caricature dans l'histoire politique de notre pays" a déclaré son président Renaud Muselier à l'occasion du congrès des Régions de France à St-Ouen ce 19 octobre. Ce nouvel ouvrage devrait être mis à disposition de tous les lycéens et lycéennes de France. "Par ce geste, dans le respect de nos compétences, nous voulons témoigner de nos engagements à défendre les valeurs de la République et le droit fondamental de chacun et chacune de nos concitoyens à vivre en paix et dans la liberté", a-t-il ajouté.
- Mieux contrôler les réseaux sociaux. Une première intervention va consister à effectuer des procédures de contrôles chez les auteurs de messages de soutien à l'assassin de Samuel Paty (aux alentours de 80). Les publications sur internet, déjà contrôlées par le processus Pharos, une plateforme de signalement pour lutter contre la cybercriminalité, vont être davantage surveillées. A cela s'ajoute une convocation des patrons de réseaux sociaux par la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté mardi 20 octobre, dans le but de mettre fin aux messages d'incitation à la haine. De manière générale, le chef de l'Etat a souligné que cela viendrait enrichir, avec des "mesures appropriées" le projet de loi contre l'islam radical.
- Les propositions des Républicains (LR) pour soutenir les professeurs. Dans un entretien au Parisien, Damien Abad, patron des députés LR, estime "qu'il faut aller plus loin et plus vite" que ce qui est prévu actuellement dans le projet de loi sur les séparatismes. Pour soutenir les enseignants, les députés républicains proposent, dès la rentrée du 2 novembre, de "crever l'abcès" en organisant "des débats sur ce qui s'est passé à Conflans-Sainte-Honorine". Par ailleurs, "en cas de manifestation d'une forme ou d'une autre de soutien à cette action barbare, il faudra convoquer les parents et un conseil de discipline !", déclare Damien Abad. Il réclame un numéro vert d'urgence pour permettre aux enseignants de signaler "toutes les atteintes à la laïcité qui existent dans nos écoles", et estime "qu'en cas de menaces ou d'insultes contre un enseignant, notamment sur les réseaux sociaux, il faut que les parents d'élèves puissent être poursuivis". Fin des menus confessionnels à l'école, cours sur les valeurs de la République et sur la laïcité, avec une épreuve obligatoire au brevet, épreuve de laïcité dans le concours d'enseignant, service à la Nation obligatoire de 4 à 6 mois dans les armées, la police, la justice ou les pompiers... Le député dresse une liste de propositions pour l'éducation nationale.
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