vendredi 4 décembre 2020

Un défilé Chanel Métiers d'Art 2020/21 royal au Château de Chenonceau

Un défilé Chanel Métiers d'Art 2020/21 royal au Château de Chenonceau

Mardi 1er décembre, le Château de Chenonceau a accueilli un défilé Chanel Métiers d'Art 2020/21 tout particulier. Donné dans la plus stricte intimité avec une seule spectatrice, et pas des moindres puisqu'il s'agissait de l'égérie Kristen Stewart, il a été révélé par la maison le 3 décembre à 19h. Contraint de réinventer le format au vu des circonstances, la maison n'a pas sacrifié la féérie de sa collection sur le thème du Château des Dames. 

Comme à l'accoutumé pour ce défilé spectaculaire, le lieu et l'inspiration sont intimement liés. "Défiler au Château de Chenonceau, au "Château des Dames", c'était une évidence. Il a été conçu et habité par des femmes, dont Diane de Poitiers et Catherine de Médicis."  raconte Virginie Viard dans le communiqué de presse. Placé sous le signe de la noblesse des savoir-faire, la collection mêle la féminité fraîche, ténue et un brin rock de la directrice artistique et les prouesses des ateliers sous la coupe de Chanel. Cela donne des silhouettes plutôt casual dans les premiers passages, qui ne sont pas sans rappeler celles du début des années 2010 avec le combo minijupe en damier (comme le sol du château)/legging/talons compensés. Gagnant en chic au fur et à mesure des passages, les looks laissent place à des jupes élégantes et à des robes noires éthérées dignes d'un soir de bal princier.

"L'emblème de Catherine de Médicis était un monogramme composé de deux "C" entrelacés, comme celui de Chanel ", souligne Virginie Viard. L'histoire ne dit pas si la créatrice a tiré son célèbre logo de celui de la souveraine, mais les clins d'œil médiévaux sont par ailleurs nombreux. On retiendra en particuliers les ceintures brodées par l'Atelier Montex reprenant l'architecture exceptionnelle du lieu, les robes tapisserie ou même un étonnant hénnin modernisé. Patrimoine et artisanat ont été sacrés en un défilé. 

Juillet 2019 : les premiers pas de Virginie Viard chez Chanel 

Après un défilé Croisière largement apprécié, Virginie Viard s'est lancée seule sur scène le 2 juillet 2019. Lors du défilé Chanel haute couture automne-hiver 2019-2020 au Grand Palais, la directrice artistique livre une interprétation très fidèle de la couture de Karl Lagerfeld pour Chanel. Petites vestes en tweed ornées de boutons précieux, robes chastes et chignon stricte, la femme Chanel marche dans les pas du designer star, la sobriété en plus. Déambulant parmi les livres d'une bibliothèque reconstituée, sans doute encore un clin d’œil au collectionneur d'ouvrages qu'il était, elle rend un dernier hommage au créateur. 

Portrait de la jeune Gabrielle Chanel © Chanel

1883-1903 : la jeunesse de Gabrielle Chanel

Sans doute la griffe la plus connue dans le monde entier, Chanel - dont le logo est reconnaissable au premier coup d'œil grâce à ces deux "C" entrelacés - n'en reste pas moins une maison française ayant vu le jour de manière très discrète en 1910. Gabrielle Chanel naît le 19 août 1883 à Saumur. De sa petite enfance, on garde peu de traces. Sa mère s'éteint suite à une tuberculose alors que la fillette n'a que 12 ans. Abandonnée par son père, elle est placée à l'orphelinat d'Aubazine. Gabrielle Chanel y revêt pendant 9 ans le sarrau noir, tenue qui inspirera l'une de ses plus célèbres créations.
À 20 ans, la jeune Gabrielle décide de tenter sa chance à la ville et devient "Coco", chanteuse de "cafés-concerts" à Vichy. Elle y rencontre son premier protecteur : Etienne Balsan. Séduit, le jeune officier l'initie à la vie mondaine et finance ses premières créations. C'est aussi par l'intermédiaire de Balsan que Gabrielle rencontre l'amour de sa vie : Boy Capel.

La première boutique Chanel rue Cambon à Paris © Hdj - Sipa

1910-1921 : Chanel prend son envol

En 1910, Gabrielle - "Coco" de son nom de scène - réalise son rêve et devient modiste. Après avoir travaillé dans la garçonnière parisienne d'Etienne Balsan, elle ouvre sa première boutique au 21, rue Cambon : "Chanel Modes". Dès lors, la maison Chanel ne cesse de grandir. En 1913, la créatrice ouvre une boutique de chapeaux et d'accessoires à Deauville et, en 1915, sa maison de couture à Biarritz. 
En pleine ascension, Coco connaît toutefois un drame : en 1919, son amour Boy Capel décède dans un accident de la route.
Deux ans plus tard, Mademoiselle donne naissance à la plus emblématique de ses créations. Le N°5, premier parfum composé du marché, fait mouche dès son lancement. Un mythe est né.

Diane Kruger en petite robe noire Chanel version 2008 © Nebinger Taamallah - Abaca

1926 : la petite robe noire

Pour la jeune modiste, 1926 est une année faste qui voit la naissance de bon nombre des tenues emblématiques de la maison. 
Gabrielle Chanel impose la "petite robe noire". En contradiction totale avec la mode de l'époque, elle séduit par sa simplicité. Premiers conquis : les critiques du magazine américain Vogue qui voient en elle "l'uniforme de la femme moderne". La petite robe noire est baptisée "la Ford de Chanel", référence au fleuron américain de l'automobile.
C'est aussi en 1926 que Chanel introduit dans ses collections, l'imperméable et la veste à boutons dorés. Peu à peu, les codes de la maison se mettent en place.

Tailleur en tweed Chanel version 2004 revisité par Karl Lagerfeld © Java - Abaca

1928-1931 : les années d'innovation

Si Chanel fait l'objet de toutes les convoîtises dès ses débuts, c'est avant tout parce qu'elle sait s'inspirer de son époque et de ses rencontres pour créer un style révolutionnaire. Déjà en 1920, sa liaison avec le Duc Dimitiri Pavlovitch est l'occasion d'intégrer la mode russe à ses collections. De son amour avec le Duc de Westminster et leurs voyages en Ecosse naîtra, en 1928, l'idée de ses premiers tailleurs en tweed
Le succès ne se fait pas attendre. En 1929, Mademoiselle intégre une boutique d'accessoires à sa maison de couture. Le "total look" Chanel est né. Il s'exporte jusqu'aux Etats-Unis et dès le début des années 30, Coco devient la conseillère des stars à l'instar de Greta Garbo ou Marlène Dietrich.

Collier Gabrielle Chanel de la collection haute joaillerie "Coco avant Chanel" en 2017 © Chanel

1932 : une collection haute joaillerie

Toujours coquette, Mademoiselle ne se déplaçait jamais sans ses perles et avait un goût très prononcé pour les bijoux. Dès 1924, elle ouvre donc son atelier de bijoux fantaisie. Comme à son habitude, la créatrice sait s'entourer : Etienne de Beaumont puis le duc Fulco de Verdura contribuent au développement des bijoux de la maison. 
Mais c'est en 1932 que Gabrielle Chanel défraye à nouveau la chronique. À la demande de la Guilde internationale du Diamant, Coco crée "Bijoux de Diamants" sa première collection de Haute Joaillerie. A l'honneur, les diamants sont montés sur platine, une extravagance que seule Coco peut se permettre en plein marasme économique.

Coco Chanel à la fin des années 30 © UPPA Photoshot - Abaca

1935 : la créatrice à son apogée

Dans les années 30, la créatrice cinquantenaire est au sommet de sa gloire. Son palmarès est éloquent : en 20 ans de carrière, Chanel a su imposer la marinière, le jersey, le pantalon, le bijoux fantaisie, le tweed, la petite robe noire... Elle est aussi la première créatrice de mode à avoir donné naissance à un parfum et à une ligne de produits de beauté. 
En 1935, elle emploie près de 4 000 ouvrières, possède 5 immeubles de la rue Cambon et vend près de 28 000 modèles par an. 
Mais l'avènement de la Seconde Guerre Mondiale marque le déclin de la maison. En 1939, Chanel doit fermer ses portes. En 1944, après un séjour en province, Mademoiselle s'exile en Suisse.

Flacon du célèbre parfum Chanel N°5 © Apaydin Alain - Abaca

1954 : la maison renaît de ses cendres

La Guerre et l'exil ne mettent pas fin aux activités de Chanel : la boutique d'accessoires reste ouverte et l'arrivée des GI américains assoit la notoriété du parfum phare de la maison, le N°5. 
L'après-guerre est pourtant une période décisive pour Chanel. À son retour d'exil, Coco Chanel découvre une France passionnée par le "New Look"de Christian Dior, une mode à l'opposé de la sobriété féminine qu'avait su imposer Mademoiselle. 
Alors agée de 71 ans, Gabrielle prépare son retour. En 1954, la Maison de Couture de la rue Cambon ouvre à nouveau ses portes et une nouvelle collection voit le jour. La critique est frileuse mais peu importe, Chanel est de retour !

Romy Schneider en total look Chanel et Slingback en 1962 © Dalmas - Sipa

1955-1970 : l'ère du total look Chanel

Dès la fin des années 50, les codes de la maison Chanel s'affinent. En 1955, le sac matelassé apparaît dans sa version définitive et le sac surpiqué à chaînes dorées s'impose.
En 1957, les sandales à bout noir, dites "Slingback", voient le jour. 
Pour Coco, c'est l'année du sacre : la "créatrice la plus influente du XXe siècle" reçoit à Dallas un Oscar de la mode
Côté parfums, la maison donne naissance en 1955 à sa première fragrance pour homme, "Pour Monsieur". La même année, Marilyn Monroe déclare ne porter que "quelques gouttes de N°5" pour se vêtir la nuit : c'est une nouvelle consécration.
Chanel est alors dans le cœur de toutes les femmes qui voient en cette griffe le symbole de l'élégance à la française.

Coco Chanel en 1970 © Associated Press AP - Sipa

1971 : une icône s'éteint

Le 10 janvier 1971, Coco Chanel décède à l'âge de 88 ans dans l'appartement du Ritz qu'elle occupait depuis plus de 20 ans. Le lendemain, sa dernière collection couture est présentée et remporte les louanges de la critique. 
Visionnaire, Coco Chanel laisse derrière elle 60 ans de carrière ainsi qu'un style qu'elle a su forger et imposer en fonction de ses "goûts et dégoûts" personnels. 
Sept ans après la disparition de Mademoiselle, Phillipe Guibourgé se voit confier le soin de donner naissance à la première ligne de prêt-à-porter de la maison, sobrement baptisée "Chanel Boutique". Les premières tenues en maille de Chanel voient le jour. Même sans sa créatrice, la maison perdure...

Karl Lagerfeld lors d'un final de défilé en 1984 © Laski - Sipa

1983 : l'arrivée de Karl Lagerfeld

Pendant plus de 10 ans, la maison Chanel se fait moins retentissante. Mademoiselle s'en est allée et trouver un successeur à sa mesure semble bien difficile. 
Pour assurer la pérennité de la maison, un seul personnage s'impose : Karl Lagerfeld. Le créateur a fait ses armes chez Balmain avant de collaborer, à partir des années 1960, avec Fendi et surtout Chloé. Arrivé en 1983 chez Chanel, Lagerfeld impose sa patte tout en conservant les codes de la maison si chers à Mademoiselle. En 1986, il reçoit, pour sa collection automne-hiver, le Dé d'Or, prix récompensant la collection haute couture la plus créative de l'année. La maison Chanel a trouvé son héritier et ce n'est que le début d'une longue histoire !

Montre Première de Chanel dans sa version 2018 © Chanel

1987-1993 : un focus sur l'horlogerie-joaillerie

La fin des années 80 marque le début d'une ère d'expansion pour Chanel. Après avoir privilégié la mode, la maison crée l'Horlogerie Chanel en 1987 et une première boutique dédiée avenue Montaigne. La même année, la montre "Première" voit le jour et marque ainsi le début d'une longue série de succès. 
En 1993, Chanel rend hommage à sa créatrice et donne naissance à Chanel Joaillerie. Quatre ans plus tard, les deux pôles sont rassemblés au 18, place Vendôme. C'est en cette nouvelle adresse de prestige que la collection "Bijoux de Diamants" est rééditée en 2002.

Février 2019 : Virginie Viard succède à Karl Lagerfeld

Le 19 février 2019, Karl Lagerfeld disparaît. Son décès enclenche immédiatement une vague de spéculation quant à l'avenir de la maison Chanel, si intimement liée au "Kaiser", ainsi que sur les noms des créateurs susceptibles de lui succéder à un poste aussi prestigieux qu'exposé. Mais les paris ne sont pas longtemps ouverts : quelques heures après l'annonce du décès de Karl, la maison Chanel confirme la nomination de Virginie Viard, directrice du studio, son très discret bras droit jusqu'à présent.

Après un défilé Croisière largement apprécié, Virginie Viard se lance seule sur scène pour son premier show en juillet 2019. Lors du défilé Chanel haute couture automne-hiver 2019-2020 au Grand Palais, la directrice artistique livre une interprétation très fidèle de la couture de Karl Lagerfeld pour Chanel. Un nouveau chapitre s'ouvre pour les créations Chanel...


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