Le constat est sans appel : les violences conjugales et intrafamiliales ont considérablement augmenté durant le confinement. Les déplacements des forces de l'ordre pour différents familiaux ont augmenté de 44 % par rapport à la même période en 2019, et la fréquentation de la plateforme sur les violences conjugales arretonslesviolences.gouv.fr a plus que doublé. De son côté, le numéro d'écoute dédié aux victimes de violences, le 3919, a reçu près de 13 210 appels entre le 23 mars et le 10 mai. "Nous n'avons jamais reçu autant d'appels que pendant le confinement", affirme Françoise Brié, dirigeante de la fédération Solidarité Femmes qui a fondé ce numéro. Et d'ajouter : "Parmi les appels reçus, 5 200 ont concerné des violences conjugales, c'est deux fois plus que l'an dernier".
Violences conjugales : des mesures peu efficaces ?
Un constat alarmant qui pose la question de l'efficacité des mesures instaurées par le gouvernement. En effet,un partenariat entre l'État, les associations et les centres commerciaux avait été mis en place dès avril dernier. Bilan : ces points de contact, installés dans des locaux prêtés par les centres commerciaux, ont accueilli 316 femmes victimes de violences conjugales, 60 hommes et 25 enfants.
Des points de contacts avaient également été installés dans les pharmacies, avec la possibilité pour les victimes d'appeler à l'aide et, pour les pharmaciens et pharmaciennes, de faire un signalement aux autorités. Mais ces procédés ne se sont pas révélés efficaces. "Contrairement à ce qu'on a pu penser, ils n'ont pas eu le résultat escompté. Nous n'avons pas eu de dénonciation de faits de violence par ces biais", indique le procureur de la république Eric Corbaux. "Il y a eu un décalage entre l'annonce faite par le gouvernement et l'effectivité du dispositif dans les pharmacies", souligne Léa Guichard du CNDIDFF.
Toutefois, le rapport du secrétariat d'État chargé de l'Égalité entre les femmes et les hommes révèle que les dispositifs installés pendant le confinement se poursuivront au-delà. "Tout ce qui permet de signaler les violences va rester", a déclaré Marlène Schiappa à Libération. Le gouvernement s'engage également à maintenir les 20 000 nuits en hôtels ou hébergements d'urgence.
Une vraie explosion des signalements de violences conjugales pendant la période de confinement, explique Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, en direct sur #Punchline pic.twitter.com/xl8nMHrEPp
— CNEWS (@CNEWS) May 14, 2020
@MarleneSchiappa a annoncé que les dispositifs mis en place pour aider les victimes de #ViolencesConjugales pendant le #confinement vont se poursuivre au-delà, comme laccueil dans les pharmacies ou les permanences dans les centres commerciaux https://t.co/mNyEGWEkwE
— Secrétariat dÉtat chargé de l'Égalité (@Egal_FH) May 14, 2020
Violences conjugales : la "déferlante" après le déconfinement ?
Par ailleurs, durant le confinement, une diminution d'environ 20% des dépôts de plaintes a été constaté, révèle le procureur de la République Eric Corbeaux, d'après France Inter. Une situation paradoxale qui peut facilement s'expliquer par les difficultés de déplacements liées à l'enfermement.
Les associations, elles, demeurent très inquiètes, alors que le pays est en déconfinement. Elles craignent une véritable "déferlante". "On a très peur de découvrir de très nombreuses situations dramatiques, avec des violences exercées pendant le confinement, dont les femmes n'ont pas osé parler", explique Véronique Dubayle, du CNIDFF du Val-de-marne sur France Inter.
Et la dirigeante du 3919 Françoise Brié d'ajouter : "On sait qu'il y a eu des violences sexuelles, en plus des violences physiques et psychologiques, et on craint qu'il y ait eu des grossesses non désirées".
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