Comment va mon ado en ce moment ? Beaucoup de parents se posent cette question. Alors même que l'on n'avait jamais eu l'occasion de passer tant de temps avec eux qu'en 2020... Cours alternés, petits amis, soirées entre copains, activités extra-scolaires sont autant d'éléments perturbés de leurs vies, en cette année marquée par la pandémie de Covid-19. Lucas a 15 ans, il vit en région parisienne et vient d'entrer en classe de seconde. Alice a 17 ans, elle prépare un bac scientifique en classe de terminale. Tous deux témoignent de la manière dont ils ont vécu ces deux confinements.
L'école en temps partiel, un désastre qui inquiète
La première chose qui pose problème, c'est le lycée. Les cours y sont alternés pour tous les deux, ce qui ne les enchante pas du tout. Leur rythme consiste à aller une semaine sur deux à l'école. "C'est assez mal organisé, je me retrouve avec des gros trous. Par exemple aujourd'hui, j'avais cours de 8h à 9h, puis de 14h à 17h", introduit Lucas. Il embraye : "et la semaine où c'est l'autre partie de la classe qui a cours, je reste chez moi sans rien de particulier à faire". A ce propos, Alice, au lycée en Charente-Maritime, est d'accord : "la semaine sans lycée, les professeurs ne sont pas présents ! Forcément, ils assurent le cours pour l'autre partie de la classe, ils ne peuvent donc pas nous suivre comme au premier confinement avec un accompagnement personnalisé et des visioconférences". D'autre part, "travailler seul chez soi est vraiment difficile, j'ai du mal à suivre", précise-t-elle. La jeune fille regrette que cela tombe l'année du bac, et s'alarme de voir d'autres lycées proposer du présentiel en temps complet pour leurs terminales : "on ne sera pas à égalité face au bac en fin d'année dans ces conditions ! Je ressens un gros sentiment d'injustice". Elle se dit "en colère contre le gouvernement" pour cette absence de logique scolaire. Lucas comme Alice auraient préféré une formule comme au premier confinement, en 100% à domicile, avec des professeurs accessibles via une plateforme ou par mail.
Vie à la maison et petits arrangements pour voir ses amis
Du côté du moral, comment ça va ? "On s'y fait" racontent-ils tous deux, avec un air dépité. Mais ce n'est pas drôle tous les jours. Lucas, par exemple, s'attendait à ce que le lycée l'émancipe un peu, qu'il puisse davantage profiter des copains à l'extérieur, être un peu plus libre. L'année 2020 est venue se mettre en travers de ce projet. De manière générale, les sorties lui manquent : "avec mes parents on faisait beaucoup de choses le week-end, maintenant on ne peut plus. Je faisais du tennis, et ça non plus ce n'est plus possible". Cela dit, il reconnaît avoir la chance de vivre dans une maison avec jardin, en ayant sa propre chambre et précise que cela se passe bien avec ses parents : "on fait pas mal de choses à la maison, on regarde des séries tous ensemble, on fait des vidéos, des montages, je ne m'ennuie pas".
La vie chez Alice a pris une autre tournure. Ses parents ont une grande maison d'hôtes où l'on a l'habitude de voir défiler les voyageurs. Là, plus personne ! Son père travaille loin et ne dort pas là tous les soirs, sa mère est institutrice et donc absente toute la journée. Elle vit avec sa petite sœur de 15 ans. Elles ont trouvé leur rythme : "on se fait des petits menus confort. On se fait à manger chacune une fois sur deux, on fait du poulet type KFC autant qu'on veut. Ça c'est super," plaisante-t-elle. Mais cela ne suffit pas à remonter le moral des troupes... "Il y en a qui dépriment autour de moi", reprend Alice. "C'est compliqué de ne plus voir les gens, j'ai du mal à rester chez moi, à ne rien faire. J'ai toujours eu en tête que le lycée me permettrait de faire plein de choses, être plus libre. Là, ça se résume à du négatif, et à ne pas pouvoir profiter des aspects sympathiques de cette période de nos vies d'adolescents." De temps en temps, on triche un peu quand même. On traîne après les cours pour profiter des copains, "on se retrouve pour des devoirs de groupe, même si on n'a pas trop le droit", explique Lucas. Alice, de son côté, voit son petit ami de temps en temps : "au départ mes parents n'étaient pas pour, puis ils ont fait venir ma tante, et ils ont reconnu que ce n'était pas très cohérent ! Alors mon copain est venu passer le week-end à la maison, et je suis allée chez lui pour son anniversaire". Elle ne voit pas tous ses amis et le regrette un peu, mais souligne quand même que "de toute façon à la campagne, on ne sort pas beaucoup pour faire des soirées ! On dépend toujours des parents pour la voiture..." Pour se voir davantage, certains élèves de la classe ont prétexté devoir faire du covoiturage avec d'autres ados, ce qui leur a permis d'être dans le même groupe que leurs copains.
A moins de 18 ans, gros lot d'angoisses et de responsabilités
Moins de libertés, moins de divertissements... Et davantage d'inquiétudes et de responsabilités pour ces jeunes de moins de 18 ans. "Le virus m'angoisse" commence Alice. "Ma mère est une personne à risque car elle est asthmatique. Plusieurs personnes ont eu le coronavirus dans mon lycée, et on ne nous a pas prévenu. Je n'ai plus confiance. Par ailleurs, au self le midi, il n'y a aucune distanciation sociale. Je ne me sens pas protégée." De son côté, Lucas raconte avoir été inquiet au début du premier confinement, car sa mère travaille en milieu hospitalier. Pour certains de ses amis, l'épidémie "ne consiste qu'à porter un masque et avoir moins de cours. Ils ne sont pas très stressés, on dirait que ça ne change rien à leur vie. Je trouve ça bizarre." A la question de savoir s'ils verront davantage les copains et s'ils reprendront les soirées en sortant de confinement, ils répondent "non". Cela n'aurait pas de sens, tant que le virus continue de circuler. Alice précise son inquiétude de gâcher les bénéfices de ce mois et demi à rester chacun chez soi. Pour se retrouver, il reste le numérique. Lucas retrouve ses camarades de classe à distance, de l'autre côté de l'ordi pour jouer à une sorte de loup garou virtuel baptisé "Among us".
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