mercredi 24 février 2021

Des visites de dépistage contre l'inceste au primaire et collège

Des visites de dépistage contre l'inceste au primaire et collège

Sensibiliser les enfants à l'inceste, dès la maternelle ?

[Mise à jour du 24 février 2021 à 10h44]. Le 4 janvier, les révélations de Camille Kouchner concernant les abus sexuels commis par le politique Olivier Duhamel sur son frère jumeau, ont eu l'effet d'une bombe. Depuis, le hashtag #meetooinceste, lancé ce 16 janvier sur les réseaux sociaux, a provoqué une vague de milliers de témoignages dans tout le pays. Le gouvernement s'est a également pris le sujet au sérieux, notamment pour protéger les enfants. Interrogé sur France Info le 19 janvier, Jean-Michel Blanquer a confié qu'il estimait que l'école devait "jouer un rôle fondamental" dans la lutte contre l'inceste. "Cela passe par la formation des professeurs (...) On a systématisé le fait qu'il y ait une sensibilisation au sujet du harcèlement scolaire, de l'inceste et des problèmes de violences intrafamiliales (...) Il y a eu notamment le développement de numéro vert, etc. (...) C'est aussi une question de sensibilisation en classe, donc, nous allons accentuer ce qui est fait en la matière", a confié le ministre de l'Education nationale qui précise qu'il travaille avec Adrien Taquet, secrétaire d'État chargé de l'Enfance et des Familles concernant les enjeux autour de la protection de l'enfance. "Il y a différentes manières de parler de ces choses-là, selon les âges (...) dès l'école maternelle (...) Les professeurs le font déjà : dire qu'on respecte le corps de chacun, qu'on se respecte soi-même, qu'on respecte le corps des autres. Ce sont des choses qu'un petit enfant peut très bien comprendre. Donc, il y a des manières de le dire (...) Nous allons le faire de plus en plus et dire regardez bien autour de vous, soyez attentifs quand vous voyez que quelque chose qui est soupçonnable d'inceste ou de violences faites aux enfants", ajoute Jean-Michel Blanquer.

Visites de dépistage au primaire et au collège, formation, quelles mesures à l'école ?

Le 23 janvier 2021, Emmanuel Macron a annoncé de nouvelles mesures pour mieux protéger les enfants contre l'inceste. Il souhaite mettre en place un accompagnement psychologique intégralement pris en charge et deux visites de dépistage et de prévention au primaire et au collège dans toute la France, dès la rentrée scolaire 2021. Ce mardi 23 février, Jean-Michel Blanquer et Adrien Taquet ont mis en place un groupe de travail composé des deux ministères, d'experts et d'associations qui œuvrent pour la protection de l'enfance. Des propositions autour de ces cinq enjeux sont attendues d'ici la fin du mois de juin 2021 : 

  • Visites médicales. Assurer des temps dédiés à la détection des violences lors des visites médicales de dépistage,
  • Formation des professionnels qui travaillent auprès des enfants. Prévoir un module spécifique de détection des violences sexuelles dans la formation initiale et continue des professeurs et des personnels de l'Education nationale.
  • Associations. Accompagner et faciliter les interventions d'associations spécialisées dans la détection et la prévention des violences. "Il est temps de répondre à l'urgence du changement mais également de rompre avec le déni et le silence sur lesquels notre société s'est en partie construite" avait déclaré Adrien Taquet dans un communiqué du 23 janvier. Le Secrétaire d'Etat auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles, souhaite ainsi mettre en place "un dispositif d'accompagnement de la prise de parole des victimes permettant une orientation et un appui, en lien avec les associations et structures concernées".
  • Sensibiliser les élèves. Compléter l'éducation à la sexualité avec des modules spécifiques de sensibilisation des élèves et de prévention des violences sexuelles ;
  • Mettre à disposition des professionnels des ressources claires.

Le ministère de l'Education nationale rappelle que ces mesures viennent renforcer la politique de prévention actuelle qui prévoit la sensibilisation des élèves lors des cours d'éducation à la sexualité, le signalement et le repérage par l'école (en partenariat avec Enfance en danger et le 119), ainsi que la formation "éducation et sexualité". En outre, "un vadémécum spécifique aux violences intrafamiliales paraitra prochainement pour mieux reconnaitre les signaux d'alertes et accompagner les élèves victimes" précise le ministère..

Comment parler de l'inceste à son enfant et le protéger ?

Les instituteurs et les professeurs vont donc évoquer davantage directement ou indirectement l'inceste à l'école, mais comment le faire à la maison sans effrayer pour autant son enfant ? Les associations de protection de l'enfance recommandent d'en parler le plus tôt possible.

Des livres pour comprendre

Vous pouvez aborder le sujet grâce à un livre. La Voix de l'enfant en recommande plusieurs comme notamment Te laisse pas faire – Les abus sexuels expliqués aux enfants, de Jocelyne Robert (Ed. L'Homme) dès 4 ans ou Lili a été suivie, de Dominique de Saint Mars et Serge Bloch (Ed. Calligram) dès l'âge de 6 ans. 

Un livret utile 

Vous pouvez aussi lire avec votre enfant un livret proposé par le magazine Astrapi. Intitulé "Stop aux violences sexuelles faites aux enfants", il donne des clés aux enfants grâce à des situations concrètes évoquées sous forme de bandes dessinées. Il raconte ainsi l'histoire de Diane qui ne sait pas comment réagir face à son oncle "pas gentil".

La toilette, un moment privilégié pour expliquer le corps

Pour comprendre ce qu'est l'inceste, les enfants doivent bien connaître leur corps et comprendre qu'il leur appartient et que les adultes, quels qu'ils soient, ne doivent pas en faire ce qu'ils veulent. Vous pouvez ainsi profiter de la toilette pour évoquer cette question avec l'enfant. Martine Brousse, présidente de La Voix de l'enfant, conseille aussi aux parents d'apprendre le plus tôt possible à leurs enfants à se laver seuls et notamment le sexe en leur disant que plus tard ce sont eux qui décideront qui aura le droit de le toucher !

A quel âge en parler à son enfant ?

Les pédopsychiatres insistent sur le fait qu'il faut parler le plus tôt possible de l'inceste aux petits en le nommant dès qu'ils sont en âge de comprendre ce terme.

  • Ainsi, dès que votre enfant atteint l'âge de 5 ans, vous pouvez lui parler de la notion de respect de son propre corps.
  • A partir de 7 ans, il devient plus autonome et peut pratiquer une activité sans vous. Il devient alors utile de parler des violences sexuelles.

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