jeudi 23 avril 2020

Reprise de l'école : faut-il craindre une seconde vague épidémique ?

Reprise de l'école : faut-il craindre une seconde vague épidémique ?

[Mise à jour du 23 avril à 16h02]. Jean-Michel Blanquer a annoncé la façon dont les élèves allaient reprendre les cours à partir du 11 mai. De manière progressive, et étalée sur trois semaines, cette rentrée des classes n'empêche pas les parents d'élèves de s'inquiéter. Face à leurs interrogations, et suite à un entretien avec les maires de France qui viennent de faire leurs recommandations, Emmanuel Macron a confirmé que le retour à l'école se ferait sur la base du volontariat. 

Le retour à l'école n'est pas obligatoire

Le 11 mai, le retour à l'école se fera "sur un principe de volontariat des parents et sans obligation" a annoncé Emmanuel Macron ce 23 avril. Les parents devront néanmoins poursuivre l'enseignement à distance s'ils ne souhaitent pas envoyer leurs enfants à l'école de sitôt. Par ailleurs, il est même déconseillé aux parents qui présentent des symptômes de remettre leurs enfants à l'école. L'idée est surtout "qu'entre le 11 mai et le 4 juillet, nous ayons réussi cette resocialisation qui permette de se remettre dans l'apprentissage" a précisé le ministre de l'éducation sur France 2 le 14 avril. Quoi qu'il en soit, l'objectif est d'effectuer ce retour scolaire de façon progressive, avec des enfants divisés en groupes. 

Les parents anxieux et inquiets

Une bonne nouvelle pour les parents qui s'étaient opposée à ce retour à l'école jugé prématuré. Un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Le Figaro et Franceinfo soulignait l'anxiété des Français quant au retour à l'école des enfants : 54% rejettent l'idée en bloc ! Et ce, malgré leurs questionnements face à la qualité de l'enseignement à distance, et les difficultés à assurer l'école à la maison en parallèle de leur télé-travail. Les associations de parents d'élèves, comme le Snuipp-FSU s'inquiétaient eux aussi des risques de contamination. "Reprendre dans un mois, comme si de rien n'était, ce n'est pas possible, car il n'y aura pas plus de gens immunisés, les enfants seront ensemble à l'école, sans gestes barrière possibles, et ensuite aller dans les familles, chez les grands-parents, cela ne paraît pas du tout raisonnable" a déclaré à l'AFP la secrétaire générale, Francette Popineau. 

Rouvrir les écoles, au détriment de la santé publique ? 

Mais alors, pourquoi le gouvernement a-t-il décidé ce retour sur les bancs à partir du 11 mai ? Le Président a argué que l'éloignement des établissements scolaires était trop défavorable à de nombreux enfants, pour qui l'accès au numérique et à l'aide des parents n'est pas la même partout. Au détriment de la santé ? Car c'est justement ce qui inquiète les parents : une seconde vague épidémique. Edouard Philippe a assuré que non, à l'Assemblée Nationale ce 14 avril : "Il y a un impératif qui est réel, il ne peut pas se faire au prix de la santé, bien entendu. Il doit être conjugué avec la nécessité de préserver la santé de nos concitoyens, de garantir le respect de règles sanitaires". Mais le respect des mesures barrières ne suffit pas à convaincre, d'autant que la France est toujours en pénurie des masques à l'heure actuelle, et ce depuis le début du confinement. La secrétaire générale du Snuipp-FSU a ajouté : "Les jeunes élèves ne peuvent pas respecter facilement les gestes barrières et peuvent être porteurs sains du virus. Comment éviter une nouvelle flambée épidémique quand près de 900 000 professeurs et 12 millions d'élèves seront rassemblés en classe ?"

Les médecins défavorables au retour à l'école le 11 mai

A ce sujet, la Fédération des médecins de France donne un avis clair : il s'agit d'un "risque inutile". Notamment parce que "les enfants n'obéissent pas forcément aux consignes, ils vont naturellement jouer ensemble et ils risquent de ramener le virus à la maison" a précisé le docteur Hamon auprès de l'AFP. Le docteur Patrick Bouet, de l'Ordre des Médecins a ajouté pour sa part au Figaro : "ce choix révèle un manque absolu de logique" dans la mesure où les écoles ont été les premières à fermer pour ces mêmes raisons. Des risques qui restent inchangés après deux mois de confinement.

Retour à l'école, un pas vers l'immunité collective ? 

Renvoyer les enfants à l'école, c'est prendre le risque d'une nouvelle vague de contamination selon les parents d'élèves et les syndicats. Et si le gouvernement misait sur une nouvelle stratégie face au coronavirus ? Alors qu'il affichait jusqu'à présent une volonté d'éradiquer le Covid-19 et d'en protéger au maximum les Français, le pays (et le monde) se confrontent à une réalité scientifique : en attendant un vaccin, nous serons forcés d'apprendre à vivre avec ce virus. Or, le précieux sésame pourrait mettre des mois, voire des années à sortir. L'autre possibilité pour protéger la population serait que le virus arrête de lui-même de circuler. Pour ce faire, nous devons arriver à une "immunité collective", soit 60% à 70% de la population qui aurait déjà contracté le virus et développé des anticorps. Pour cela, il faut d'abord le laisser se propager... Quoi de plus efficace que de rouvrir les écoles ? En choisissant la date du 11 mai, Emmanuel Macron mise sur une période où les tests de traitements contre le Covid-19 seront terminés, les services hospitaliers moins saturés qu'à l'heure actuelle, et appelle les personnes âgées (les plus à risques) à rester confinées. 


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