"Il est temps de déclarer l'état d'urgence culturel", a revendiqué Isabelle Adjani dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron et partagée sur France Inter le 5 mai. Alors que certains commerces, écoles et entreprises rouvriront après le 11 mai, l'avenir du secteur de la culture est flou. Quand les acteurs, chanteurs, intermittents du spectacle, employés des musées, théâtres, cinémas, pourront-ils enfin penser à l'après ? La réponse n'est évidemment pas simple, mais l'actrice demande au chef de l'Etat de prendre les devants.
"Nous savons, vous savez, que nous, vulnérables mais indestructibles artisans de la culture, sommes un gage majeur de démocratie dans un pays, que notre existence sécrète un antidote puissant à tout ce qui peut être liberticide, et que le courage de vous dire que la reprise autour du cinéma, du théâtre, de la danse, de la musique, des musées, doit être pour demain, et pas pour après-demain, nous l'avons", a-t-elle déclaré après avoir rappelé : "La culture est incompatible avec la distanciation sociale, parce que l'art est un état où la liberté est une nécessité, l'art est un état où la liberté fait loi".
Isabelle Adjani : "Aidez-nous à sauver la culture"
La comédienne césarisée a insisté sur la situation précaire des intermittents du spectacle pour qui l'inquiétude grandit de jour en jour, renforcée par la fermeture des lieux culturels et les annulations des spectacles et autres festivals.
"Oui, il va falloir prolonger les droits des intermittents du spectacle ; oui, il va falloir ouvrir de nouveaux droits pour les contrats courts ne bénéficiant pas du régime de l'intermittence ; oui, il va falloir empêcher la fermeture définitive des espaces culturels (quelles que soient leur taille et leur vocation) ; oui, il va falloir exonérer de charges celles et ceux qui dépendent des URSSAF des artistes et des auteurs", a-t-elle réclamé, avant de conclure : "Aidez-nous à sauver ce bien démocratique commun et inestimable qu'est notre culture".
Le ministre de la Culture, mis en cause ?
Le 30 avril, moult artistes tels qu'Omar Sy, Jeanne Balibar, Géraldine Nakache, Catherine Deneuve ou encore Fanny Ardant, ont signé une tribune publiée dans Le Monde pour interpeller le président de la République sur la situation des intermittents du spectacle et du secteur de la culture en général.
Dans la tribune, les personnalités ont notamment critiqué le mutisme de Franck Riester : "Le ministre de la culture ne dit strictement rien. Des 'je ne sais pas' à la pelle, quelques mots sur les théâtres privés, semble-t-il, de vagues encouragements, peut-être, aux assureurs à assurer contre les risques du Covid-19". Des bruits de couloir parient même sur une éviction prochaine du ministre de la Culture, qui avait été le premier membre du gouvernement contaminé au Covid-19.
Emmanuel Macron répond aux artistes
Quelques jours après la publication de la tribune, Emmanuel Macron a répondu à l'appel sur Twitter : "Aux artistes qui se sont exprimés, je veux dire que je les entends. L'État continuera de les accompagner, protègera les plus fragiles, soutiendra la création. L'avenir ne peut s'inventer sans votre pouvoir d'imagination. Mercredi (le 6 mai, ndlr) j'annoncerai des premières décisions en ce sens."
Aux artistes qui se sont exprimés, je veux dire que je les entends. LÉtat continuera de les accompagner, protègera les plus fragiles, soutiendra la création. Lavenir ne peut sinventer sans votre pouvoir dimagination. Mercredi j'annoncerai des premières décisions en ce sens.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 2, 2020
De quoi apaiser les inquiétudes ? Rien n'est moins sûr...
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