[Mise à jour du 7 décembre à 16h50]. L'assassinat de Samuel Paty par Abdoullakh Anzorov, un jeune homme de 18 ans d'origine tchétchène, le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine, a provoqué une véritable onde de choc dans tout le pays. Un hommage national avait été rendu au professeur d'Histoire à la Sorbonne le 21 octobre et une minute de silence avait été observée le 2 novembre par près de 12 millions d'élèves à travers tout le pays. Alors que l'auteur de cet acte terroriste a été enterré ce dimanche 6 décembre en Tchétchénie selon des médias russes, l'inspection générale de l'Education nationale préconise de nouvelles mesures dans un rapport publié le 4 décembre. Le ministère de l'Éducation nationale veut aujourd'hui agir pour éviter qu'un tel drame ne se reproduise. Lutte contre le cyberharcèlement, protection des enseignants, amélioration de la formation, le ministère planche sur un certain nombre de mesures.
800 incidents lors de la journée d'hommage à Samuel Paty
Sur RTL le 6 novembre, le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer avait dans un premier temps évoqué 400 incidents pendant la journée d'hommage du 2 novembre. Des violations suivies de poursuites disciplinaires ou pénales selon la gravité des faits. Mais dans un communiqué de presse daté du 3 décembre, le ministère a fait état de 393 incidents supplémentaires. Sur l'ensemble des faits commis, 714 faits l'ont été par des élèves (90%), 60 par des parents (7,5%) et le reste par des individus extérieurs à l'établissement. "L'augmentation des signalements, qui je le rappelle sont très différents les uns des autres, et plus ou moins graves, est une bonne chose, et traduit l'augmentation de la réaction de chacun et de l'institution. Les équipes "Valeurs de la république" ont été très présentes sur le terrain pour contribuer à rétablir les situations.", a commenté le ministre de l'Éducation dans un entretien au Figaro le 3 décembre.
La protection des fonctionnaires, une priorité
Le rapport de l'inspection générale de l'Education nationale publié le 4 décembre liste 12 recommandations destinées à "prévenir, dans toute la mesure du possible, la reproduction d'actes analogues". Ces mesures visent notamment à renforcer la sécurité dans et aux abords des établissements scolaires, et à accentuer la protection des fonctionnaires si la situation l'exige. "Cette protection fonctionnelle doit être la plus réactive et la plus systématique possible. Il y a ensuite la protection par les forces de l'ordre qui doit être renforcée dans certains cas. Elle peut aller de la présence de la police aux abords d'un établissement jusqu'à la protection d'un professeur", précise Jean-Michel Blanquer.
Surveiller les réseaux sociaux et lutter contre le cyberharcèlement
Le ministère de l'Education nationale veut également aller plus loin dans la lutte contre le cyberharcèlement. "Concernant la haine en ligne, il nous faudra des outils juridiques nouveaux, notamment pour nos relations avec les plateformes des réseaux sociaux, afin de mieux analyser les menaces et mieux retirer et poursuivre les contenus haineux.", a expliqué le ministre de l'Éducation nationale au Figaro. Dans le cas de l'affaire Samuel Paty, les vidéos postées sur les réseaux sociaux ont joué un rôle direct dans son assassinat. Le rapport veut donc encourager la montée en puissance des cellules de veille des réseaux sociaux. Ces dispositifs pourraient "se situer au sein des services des rectorats ou des DSDEN (Direction des services départementaux de l'Education nationale) pour les départements comportant un très grand nombre d'élèves". indique le rapport.
Former le personnel et impliquer les parents
Le rapport de l'inspection générale de l'Éducation nationale insiste également sur la nécessité d'expliquer clairement le rôle et le fonctionnement de l'école. Il faut "rappeler autant que nécessaire et expliciter à la communauté éducative dans son ensemble, y compris aux parents d'élèves, les principes du système éducatif : le principe de liberté pédagogique et celui d'obligation de suivi des enseignements". Cette liberté est ensuite laissée aux enseignants de choisir "un angle d'approche pertinent au regard des objectifs de la séquence" mais aussi des élèves qu'ils ont en face d'eux en classe. En pratique, le ministère souhaite donc renforcer "la formation de l'ensemble de l'équipe éducative, y compris des contractuels" mais aussi d'impliquer les parents dans certains enseignements comme la laïcité, la liberté d'expression ou l'esprit critique.
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