mardi 12 mai 2020

Retour à l'école : comment les élèves font-ils leur rentrée ?

Retour à l'école : comment les élèves font-ils leur rentrée ?

[Mis à jour le 13 mai à 8h23]. Plus d'un million d'écoliers reprennent peu à peu le chemin de l'école cette semaine. A Paris, les enfants seront accueillis à partir de ce jeudi 14 mai, et lundi prochain, ce sera au tour des collégiens (excepté ceux situés en zone rouge) qui pourront reprendre les cours. "Plus de 90% des communes ont réouvert les écoles alors qu'il fallait respecter un protocole sanitaire strict" a déclaré Jean-Michel Blanquer ce mardi lors de sa visite dans une école primaire de Palaiseau, dans l'Essonne. Dès leur arrivée, les enfants sont en effet sensibilisés à cette nouvelle vie scolaire, avec un rappel des gestes barrières, et des outils adaptés à leur âge : sous forme de vidéos, de chansons, ou d'affiches... 

Heureux de retrouver leurs camarades de classes, les enfants ont dû s'adapter à de nouvelles règles, mais le plus difficile pour eux reste la distanciation physique. "Les petits ont l'habitude d'être proches les uns des autres, aiment se dire des secrets et pour jouer ensemble comme à Chat par exemple, ils se touchent", déclare Lisa, institutrice. Les jeux doivent donc se réinventer dans les cours de récréation comme le préconise le protocole sanitaire. Mais encore peu habitués à cette distanciation, une photo n'a pas manqué de faire réagir les internautes ce mardi.

Les dernières annonces du gouvernement sur le retour à l'école

  • "Il y a plus de risques à rester chez soi que d'aller à l'école !" Ce mardi 12 mai, le ministre de l'Education est revenu sur ses propos qui ont fait polémique, en précisant dans C à vous que pendant ces deux mois de confinement, "des enfants ont vécu des violences intra-familiales, n'ont pas mangé à leur faim, d'autres ont commencé à avoir des carences éducatives". Cette période à donc "creusé les inégalités sociales et les conséquences peuvent être dramatiques".
  • "Il faut ramener les élèves décrocheurs à l'école". Cet objectif social est l'une des priorités du gouvernement. "On doit aller les chercher. Les services sociaux, les assistantes sociales et l'ensemble des adultes responsables comme les directeurs d'établissements scolaires doivent aller chercher les enfants décrocheurs", précise le ministre. Il s'agit d'un enjeu pédagogique, social, mais aussi psychologique et sanitaire.
  • 75% des parents sont satisfaits de l'enseignement à distance selon un sondage Ifop réalisé auprès de 800 parents.
  • Le ministre de l'Education "souhaite que tous les enfants aient pu retrouver physiquement leur école au moins une fois d'ici à la fin du mois" a-t-il déclaré au Journal du Dimanche
  • Pour accueillir les élèves après deux mois de confinement, près de 50% des enseignants retourneront à l'école. Quant aux professeurs qui ne seront pas en classe, ils "s'occuperont de l'enseignement à distance pour les élèves à la maison. Sous différentes modalités, tout le monde sera donc au travail" a-t-il assuré. Par ailleurs, des activités sportives, culturelles, autour de la santé et du civisme seront proposées en dehors des cours. "Le but n'est pas de boucler les programmes coûte que coûte; nous devons raisonner à cheval sur l'année prochaine", a précisé Jean-Michel Blanquer. 
  • Faire rentrer les élèves en septembre n'aurait pas été une bonne idée"D'une part, il y aurait certainement eu des phénomènes de sortie des enfants qui peuvent être comparables. D'autre part, les dégâts sociaux et même sanitaires auraient pu être plus importants", a déclaré le ministre sur Europe 1 ce lundi 11 mai. Violences intra-familiales, besoins alimentaires, décrochage scolaire... Les raisons d'une reprise des cours sont nombreuses pour le gouvernement. "L'école, ce n'est pas quelque chose de secondaire. Il faut être attentif à ne pas faire de dégâts sur une génération entière en la laissant six mois sans école" a-t-il déclaré.
  • Après la Dordogne ce 9 mai, un nouveau cluster est apparu au collège Gérard-Philippe, situé dans la Vienne. Quatre membres du personnel ont été testés positif au Covid-19. "Des professionnels s'étaient réunis pour préparer la rentrée du 18 mai", a précisé Michel Laforcade, directeur général de l'ARS Nouvelle-Aquitaine ce 11 mai.
  • Jean-Michel Blanquer doit se prononcer fin mai pour préciser si l'oral de français prévu fin juin aura bien lieu pour les élèves de Première. 
  • Selon Jean-Michel Blanquer, le nombre de décrocheurs a diminué. "Au début du confinement, les enquêtes montraient qu'il y avait 8 à 10% en dehors des radars. Semaine après semaine, nous avons réduit ce chiffre à 4% en moyenne" a-t-il déclaré ce 6 mai à l'Assemblée nationale.
  • Emmanuel Macron souhaite développer la culture dans les écoles en proposant aux intermittents du spectacle d'intervenir au sein des établissements scolaires "une ou deux après-midi par semaine" devant "des petits groupes d'enfants". "Utilisons cette période où l'école se rouvre différemment pour faire une révolution de l'accès à la culture et à l'art" a lancé le Président le 6 mai, lors de la présentation des mesures destinées au secteur de la culture.

De quelle manière les élèves sont-ils accueillis ?

Comme l'a annoncé le ministre de l'Education ce 7 mai, la rentrée par niveaux est privilégiée, avec notamment les classes de grandes sections, les CP et CM2. Certains élèves sont prioritaires : les élèves en situation de handicap, les enfants des personnels soignants, ceux dont les parents n'ont pas de solution de garde et les enfants décrocheurs (environ 4%).  Il a également rappelé que les classes de CP et CE1 en réseau d'éducation prioritaire Rep et Rep+ étant déjà dédoublées (avec 12 élèves par classe) pourront reprendre rapidement, tout comme les 60000 élèves des écoles rurales composées de moins de 15 élèves. Dans la majorité des cas, "les enfants ne retourneront pas à l'école à plein temps, cela pourra être pour une demie semaine ou pour une semaine sur deux" a précisé Jean-Michel Blanquer sur BFMTV ce 29 avril. Les élèves feront leur rentrée selon plusieurs situations : chaque enfant se retrouve soit à l'école en petits groupes (15 à l'école et 10 à la crèche), soit à l'étude, soit dans des locaux périscolaires, ou à la maison dans le cadre de l'enseignement à distance : à temps partiel ou à  plein temps selon les établissements scolaires. "Ce système se règle localement, nous allons être particulièrement attentifs aux élèves décrocheurs" précise Jean-Michel Blanquer. Aussi, les écoles n'ouvriront que si elles respectent le protocole national sanitaire. Ce sont les écoles qui détermineront au cas par cas la manière dont les élèves seront accueillis. 

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Les tables doivent être espacées d'un mètre entre les élèves © Alain ROBERT SIPA

Quels collèges pourront ouvrir le 18 mai ?

Cette carte de France présente les départements en zones rouges ou vertes. Les collèges placés dans une zone rouge ne pourront pas ouvrir le 18 mai. 

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Les collèges situés en zone rouge n'ouvriront pas le 18 mai © Ministère de la Santé

Calendrier de la rentrée scolaire à partir du 11 mai

"Nous proposons une réouverture très progressive des maternelles et écoles élémentaires à compter du 11 mai, partout sur le territoire et sur la base du volontariat. Dans un second temps, à compter du 18 mai, nous pourrons envisager de rouvrir les collèges, en commençant par les classes de 5e et les 6e" a annoncé Edouard Philippe ce 28 avril. Mais la rentrée des lycéens sera décalée : "nous déciderons fin mai si nous ouvrons les lycées en commençant par les lycées professionnels début juin", précise le Premier ministre. Si les départements se maintiennent verts les trois prochaines semaines, "nous pourrons, au début du mois de juin, envisager une nouvelle étape de déconfinement avec l'ouverture des lycées" a également précisé Edouard Philippe.

Pré-rentrée des professeurs Lundi 11 mai
Crèches A partir du lundi 11 mai
Ecoles maternelles et élémentaires A partir du 12 mai
Collèges (5e et 6e) A partir du 18 mai (en zone verte)
Lycée Début juin (une décision doit être prise fin mai)

Les crèches ouvrent progressivement à partir du 11 mai

L'accueil se fera par groupe de 10 enfants maximum si l'espace le permet et si les conditions sont réunies pour que les groupes ne se croisent pas. "Cette réduction des capacités posera notamment la question des priorités d'accueil", précise le Premier ministre. Par exemple, l'impossibilité de télétravail pour un couple d'actifs ou les difficultés rencontrées par les familles monoparentales devront être pris en compte dans ces critères de sélection. Seront également prioritaires : les enseignants ou encore le personnel soignant qui devront faire garder leurs enfants pour pratiquer leur profession. 

Collèges :  6e et 5e à partir du lundi 18 mai

Les collégiens pourront faire leur rentrée scolaire à partir du 18 mai, pour les classes de 6e et 5e, uniquement dans les départements à faible circulation du virus (seulement dans les territoires verts). Les collèges situés en zones rouges ne rouvriront donc pas à cette date.

Réouverture des lycées, et collégiens de 4e et 3e

"Nous prendrons une décision fin mai pour les lycées" a déclaré le Premier ministre à l'Assemblée nationale ce 28 avril. Ce sera également le cas pour les collégiens de 4e et 3e.

Rappelons que dans l'enseignement supérieur, les cours ne reprendront pas avant l'été". Les dates des examens et concours de recrutement des professeurs, ainsi que les concours d'accès aux grandes écoles ont été précisées par les ministres de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur. En ce qui concerne les lycéens, la plupart des diplômes cette année se dérouleront cette année sous forme de contrôle continu. C'est le cas pour le bac général et technologique, le brevet, le BTS ainsi que les diplômes en apprentissage. Pour l'heure, les oraux de rattrapage (prévus en juillet) sont maintenus mais le ministre de l'Education doit confirmer d'ici la fin du mois de mai si l'oral de Français aura bien lieu fin juin.

Comment va se passer la rentrée de septembre ?

La rentrée scolaire de septembre sera particulière puisque certains élèves dont les écoles n'ouvrent pas en mai ne se seront pas vu pendant près de cinq mois et que le nombre d'élèves décrocheurs a augmenté durant le confinement. Et comment cela se passera-t-il en cas de seconde vague ? "La rentrée de septembre sera forcément différente de celles que nous avons connues par le passé. On a deux scénarios. Soit le virus n'est plus là et l'on tirera les conséquences de ce qui s'est passé, avec parfois des acquis, sur le progrès des usages numériques, les parcours plus personnalisés et la nécessité de renforcer les élèves qui ont pris du retard. Soit le virus est encore là et nous devrons continuer à travailler de manière particulière" a déclaré Jean-Michel Blanquer au journal Le Figaro ce 1er mai.

Le protocole sanitaire pour la réouverture des écoles

"Le protocole sanitaire est très strict" reconnaît le ministre de l'Education. "Mais s'il ne l'avait pas été, on nous l'aurait reproché, mais nous sommes tous ensemble pour le faire respecter et aider les communes à le mettre en place", a-t-il déclaré ce 5 mai.

Le port du masque sera obligatoire dès le collège, les élèves ne seront pas plus de 15 par classe et 10 bébés dans les crèches, les tables des salles de cours devront être espacées d'au moins un mètre... Edouard Philippe avait déjà dévoilé quelques mesures sanitaires lors de l'annonce du plan de déconfinement ce 28 avril. Voici ce que précise le protocole sanitaire transmis aux établissements scolaires par le ministère de l'Education nationale :

Prendre la température des enfants

Les parents devront prendre la température de leur enfant chaque matin avant d'aller à l'école. En cas de symptômes ou de fièvre de plus de 37,8°C, ils devront rester à la maison.

Distanciation sociale à l'école : comment respecter les règles ?

La distanciation sociale d'au moins un mètre doit être respectée dans toute l'école (arrivée et sortie, récréation, couloirs, préau, cantine, toilettes, salle de classe...). "Une classe de 50 m2 doit permettre d'accueillir 16 personnes", précise le protocole. Il faudra donc respecter environ 4 m2 entre les élèves, exceptés ceux qui ont une table contre un mur ou une fenêtre). Les établissements scolaires pourront également utiliser des panneaux, des flèches ou des couleurs pour faciliter les déplacements et limiter les croisements dans les classes. Enfin, les salles dédiées aux temps de sieste chez les plus petits devront être aménagées de manière à respecter les consignes sanitaires et la distanciation sociale.

Eviter le brassage des élèves : les écoles devront faire en sorte de limiter les croisements des élèves entre classes ou entre niveaux. L'arrivée et le départ pourront se faire progressivement par exemple. Les déplacements des élèves devront être limités et encadrés, les récréations devront s'organiser par groupes de classes en respectant la distanciation. Il est également recommandé de privilégier une arrivée échelonnée par zone ou bâtiments par exemple et de respecter les horaires d'arrivée pour éviter un engorgement à l'entrée de l'école. Les parents et accompagnants, quant à eux, ne pourront entrer dans les établissements.

Combien d'élèves par classe ?

Les élèves ne seront pas plus de 15 par classe, et les crèches ne pourront accueillir plus de 10 bébés au maximum.

Les gestes barrière et mesures d'hygiène

"Les gestes barrière doivent être appliquées en permanence, partout, par tout le monde. Ces sont les mesures de prévention individuelles les plus efficaces actuellement contre la propagation du virus" rappelle le ministère de l'Education. Par conséquent, le lavage des mains devra être effectué dès l'arrivée, avant de rentrer en cours et notamment après les récréations, avant et après chaque passage aux toilettes, après s'être mouché, avoir toussé ou éternué, le soir avant de rentrer à la maison et dès que l'enfant touche des objets potentiellement contaminés. Aussi, les enfants devront éviter de s'échanger leurs crayons, jouets et ballons...

Les salles de classe et autres locaux devront être aérés régulièrement, pendant au moins 10 minutes à chaque fois : le matin avant l'arrivée des élèves, à chaque récréation, pendant le déjeuner, et le soir lors du nettoyage des locaux.

La désinfection des écoles : les salles utilisées devront faire l'objet d'un bionettoyage avant la rentrée des classes. En revanche, les salles restées fermées pendant au moins cinq jours ne représentent pas de risque et un nettoyage de "remise en propreté selon le protocole habituel est suffisant", précise le ministère.

Qui devra porter des masques à l'école ?

Le port du masque est obligatoire pour les collégiens et lycéens, pour les professionnels de la petite enfance, les enseignants et encadrants "où les règles de distanciation risquent de ne pas être respectées. C'est notamment le cas des personnels intervenant auprès des plus jeunes ou d'élèves à besoins éducatifs particuliers, pendant la circulation au sein de la classe ou de l'établissement, ou encore pendant la récréation". Deux masques seront fournis pour chaque jour de présence chacun. "Nous fournirons des masques au collégiens qui n'auront pas réussi à s'en procurer, le port du masque étant obligatoire pour les collégiens", avait précisé Edouard Philippe le 28 avril. 

En maternelle, "le port du masque est à proscrire". Pour les élèves des écoles élémentaires, "le port du masque n'est pas recommandé mais les enfants peuvent en être équipés s'ils le souhaitent et s'ils sont en mesure de le porter sans risque de mésusage". Aussi, "il appartiendra aux parents de fournir des masques à leurs enfants lorsqu'ils seront accessibles à l'ensemble de la population", précise le ministère. Néanmoins, "l'Education nationale mettra à disposition des directeurs d'écoles, des masques pédiatriques pour les cas particuliers, notamment en cas de symptômes" a annoncé le Premier ministre.

Les transports scolaires

"Les bus scolaires, eux, circuleront à moitié-vides. Les collégiens comme les chauffeurs seront, eux aussi, obligés de porter un masque".

Les activités sportives et culturelles

Les "jeux de ballons et de contacts" seront interdits. Votre enfant ne pourra donc pas jouer au foot ou faire du judo avec ses camarades de classe. Lors des activités sportives, le matériel ne devra pas être manipulé par les élèves, et les parcours individuels seront privilégiés, comme l'endurance par exemple. En ce qui concerne les activités culturelles, les enseignants devront utiliser du matériel individuel jetable (comme les pots de peinture par exemple) et personnel. Lorsqu'un livre sera consulté par un élève, il devra ensuite être mis au repos pendant cinq jours. Les jeux de mime, les devinettes, qui ne nécessitent pas de toucher des objets ou des surfaces seront donc proposés aux élèves.

Quelles mesures pour les cantines ?

"La cantine de l'école sera en mesure de respecter les règles sanitaires" a déclaré Jean-Michel Blanquer sur BFMTV ce 29 avril. Les enfants pourront donc être accueillis à la cantine en respectant les règles de distanciation sociale, mais dans certains cas, les élèves devront prendre leur repas en classe, comme le recommande le Conseil scientifique. "Cela se décidera école par école", a précisé le ministre de l'Education. La possibilité pour les enfants de pouvoir déjeuner à l'école est "fondamentale", a-t-il ajouté. Concrètement, des paniers-repas servis en salle de classe ou des pique-niques en extérieur pourront être organisés selon les établissements scolaires.

Les maires seront-ils responsables juridiquement en cas de Covid à l'école ?

316 maires d'Ile de France ont demandé au gouvernement un report de la date de rentrée scolaire, estimant qu'il était difficile d'appliquer le protocole sanitaire d'ici le 11 mai. "Nous apprenons, dix jours avant la date de réouverture des écoles, qu'il appartiendrait aux maires de décider de la réouverture des écoles, et aux parents de décider du retour vers le chemin des classes de leurs enfants" précisent-ils dans La Tribune. Outre les questions organisationnelles, ou encore la disponibilité des enseignants, les maires s'opposent surtout à toute responsabilité juridique dans le cas où un élève serait victime du Covid-19. Il réclamaient notamment que cette responsabilité fasse "l'objet d'un traitement législatif spécifique pour qu'ils bénéficient d'une protection adaptée à ces circonstances exceptionnelles". Pour Edouard Philippe, la loi Fauchon, qui n'a pas été modifiée depuis 20 ans, ne doit pas empêcher les responsables à prendre des décisions en cette période de crise sanitaire. "Préciser la loi, rappeler la jurisprudence, qui oblige le juge à tenir compte des moyens disponibles et de l'état des connaissances au moment où l'on a agi, ou pas agi, oui. Atténuer la responsabilité, je suis nettement plus réservé" a-t-il déclaré devant le Sénat ce lundi 4 mai.

Le retour à l'école n'est pas obligatoire

"Il n'y aura pas d'obligation du retour à l'école. Il faudra de la souplesse", a affirmé Emmanuel Macron ce 23 avril. Le retour à l'école se fera "sur un principe de volontariat des parents et sans obligation", il sera à la fois "progressif, concerté, et adapté aux réalités", a précisé le Président de la République. Néanmoins, "il faudra être en mesure d'assurer l'enseignement à distance" rappelle le ministre de l'Education nationale. Par ailleurs, "un professeur qui a un problème de santé ne viendra pas. Et si l'on a un parent vulnérable chez soi, on ne vient pas non plus". Il y aura aussi des "marges de manœuvres" locales, afin que certaines régions puissent ne pas rouvrir les écoles. "L'objectif, c'est qu'entre le 11 mai et le 4 juillet, nous ayons réussi cette resocialisation qui permette de se remettre dans l'apprentissage" avait précisé Jean-Michel Blanquer sur France 2. 

Le Comité scientifique préconisait une rentrée en septembre

Rappelons que les spécialistes du Comité scientifique n'étaient pas vraiment pour une rentrée des classes en mai. Interrogé sur Europe 1 ce dimanche, le professeur à l'Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique Arnaud Fontanet a déclaré que les membres du Conseil recommandaient la fermeture des établissements scolaires jusqu'à la rentrée de septembre. Jean-François Delfraissy, Président du Conseil scientifique sur le Covid-19, a expliqué sur BFMTV ce 27 avril que "si l'on met des enfants dans une zone confinée comme les écoles, il y a un risque de transmission au sens de la population qui est plus important". Pour les enfants, rien d'inquiétant selon le scientifique puisqu'ils sont pour la plupart asymptomatiques, rappelle-t-il. Mais en dehors de l'école, dans les familles notamment, "ils peuvent être source d'infection. C'est la raison pour laquelle, d'un point de vue strictement sanitaire, nous avions fait la recommandation de poursuivre la fermeture des écoles". Néanmoins, compte tenu des enjeux sociétaux, les spécialistes se disent tout de même favorables à ce que cette rentrée progressive se passe "sur la base du volontariat et de non obligation de la part des familles", avec la possibilité de poursuivre les cours à distance. 

Les pédiatres favorables au retour à l'école

De leurs côtés, les pédiatres se veulent plus rassurants : dans un communiqué du 27 avril, l'Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA) et le Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP) tiennent à rassurer les parents sur le retour de leurs enfants en collectivité à partir du 11 mai prochain. D'une part, parce que peu d'enfants sont touchés depuis le début de l'épidémie et les formes sévères sont exceptionnelles, particulièrement chez les moins de 10 ans. Les enfants sont également "moins souvent porteurs du Sars-Cov-2  et les données disponibles sur la contagiosité des enfants entre eux et vers les adultes sont rassurantes", précisent les spécialistes. Le retour en collectivité ne semble donc pas représenter un risque significatif pour les adultes. "Le rôle des enfants dans la dynamique de l'épidémie chez l'adulte parait modeste et concernerait plutôt les adolescents de plus de 15 ans. Le risque d'infection pour les adultes relève surtout du contact entre adultes eux-mêmes (enseignants, personnels et parents groupés en sortie d'école)", ajoutent-ils. Les pédiatres se disent donc favorables à un retour à l'école dans le respect des gestes barrières qui doivent être adaptés à chaque âge. "Tous les enfants y compris ceux suivis pour une maladie chronique peuvent et doivent retourner à l'école" précise le communiqué. Par ailleurs, "le port d'un masque dans les crèches, les écoles maternelles et primaires pour les enfants sans pathologie sous-jacente grave n'est ni nécessaire, ni souhaitable, ni raisonnable" précise l'AFPA qui préconise néanmoins le port du masque chez les adolescents et les parents ou les enseignants.

Réouverture des écoles et santé de l'enfant

"La réouverture des écoles devra nécessairement se faire en concertation avec les médecins, infirmiers, assistantes sociales et psychologues de l'Education nationale", Marie Tamarelle-Verhaeghe, présidente du groupe d'études sur la santé à l'école, dans un communiqué du 15 avril. Si elle estime qu'une réouverture progressive des écoles le 11 mai est nécessaire pour le bien des enfants, elle réclame un accompagnement des élèves par des professionnels de santé, notamment pour pallier aux troubles et aux difficultés vécues pendant le confinement. Ainsi, les violences intrafamiliales, les deuils... devront être identifiés et pris en charge. Par ailleurs, un travail devra être effectué avec les familles sur le retour au rythme scolaire. Autre point que les établissements scolaires devront prendre au sérieux : l'hygiène et en particulier la place des toilettes à l'école. "Manque de papier ou de savon, mauvaises odeurs, problèmes de harcèlement, les toilettes à l'école sont souvent une zone de non droit, alors qu'elles devraient protéger l'intimité des enfants. Cette crise doit aussi être l'occasion de régler ce problème des toilettes à l'école, non résolu depuis 20 ans, en mobilisant de manière inédite les collectivités territoriales", précise Marie Tamarelle-Verhaeghe.

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