L'actuel ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s'est exprimé le 24 août dernier, sur la montée des violences dans le climat sociétal actuel, au Figaro : "Il faut stopper l'ensauvagement d'une partie de la société ". Les mots de Gérald Darmanin ne sont pas passés inaperçus au sein de la sphère politique. Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, les a qualifiés "d’inappropriés" car selon lui, ils "développent un sentiment d'insécurité". Si ce qualificatif provoque des remous au sein de la majorité, c'est parce qu'il est d'ordinaire utilisé par les identitaires, et membres de l’extrême droite, afin d’évoquer une France sciée par l'immigration. Après ce désaccord, L'IFOP s'est associé à Avostart pour connaître l'avis des Français sur la gestion du gouvernement actuel en matière de justice et de lutte contre l'insécurité, à travers une enquête.
Que pensent les Français du terme "ensauvagement" ?
Si Eric Dupond-Moretti estime que le mot "ensauvagement" est "inapproprié" car il développe un sentiment d'insécurité, 70 % des interrogés ne sont pas du même avis et trouvent que ce terme est justifié. Les sympathisants de La République En Marche sont les plus nombreux (85%) à être en accord avec l'emploi de ce terme.
Gérald Darmanin n'est pas le premier membre du gouvernement à avoir employé ce mot. En 1999, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'Intérieur, l'avait utilisé pour qualifier la montée de la violence et de la délinquance en France.
À cette période, 29 % des Français trouvaient ce terme "pas assez dur", contre 30 % aujourd'hui. Si l'on compare les avis des Français sur l’emploi de ce terme aux deux époques, le changement est à peine visible : 42% estiment que le mot "ensauvagement" est utilisé à sa juste mesure, contre
41% en 1999. Parmi les sondés, 19% le trouvent "trop dur", contre 15% en 1999.
Les Français, plutôt pro-Darmanin ou pro-Dupond-Moretti?
En matière de gestion des questions de violence et d'insécurité, les Français sondés sont aussi nombreux à rejoindre la position d'Eric Dupond-Moretti (19%) que celle de Gérald Darmanin (19%). Cependant, ceux-ci sont très peu satisfaits de la politique judiciaire du pays. Seulement 29% des concernés estiment que le bilan judiciaire est positif.
En ce qui concerne celui de la lutte contre l'insécurité, il convient à 27 % des Français. Un chiffre en nette baisse comparé aux années passées, puisque 35% des Français dressaient un bilan positif de l'action du gouvernement Macron en 2019 contre 37% en 2018. Il en va de même pour la lutte contre l'insécurité à laquelle 32 % des français adhéraient en 2019, contre 41 % en 2018.
Une justice en perte de vitesse ?
Pour 73% des Français consultés, les juges Français ne sont pas assez sévères. Cette opinion est en hausse de 22 % par rapport aux années précédentes. En 2014, ils étaient 62% à être mécontents du système judiciaire français contre 51% en 2011.
Selon les interrogés, les principaux crimes qui mériteraient le plus de sévérité sont les crimes sexuels ( pour 87% des Français), les agressions physiques (86%) et la récidive (85%).
Enquête réalisée auprès d'un échantillon de 1 003 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, par questionnaire auto-administré du 3 au 4 septembre 2020.
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