Neuf ans ont passé depuis l'affaire du Sofitel de New York. Le nom de Nafissatou Diallo a été prononcé dans le monde entier, Dominique Strauss-Kahn a chuté de sa tour d'argent et la France a retenu son souffle. La femme de chambre qui a accusé l'ancien directeur général du FMI d'agression sexuelle, de tentative de viol et de séquestration, brise le silence, des années après, dans Paris Match. "L'affaire DSK a gâché ma vie", a-t-elle d'abord lâché.
Sa version des faits reste la même depuis ce fameux jour du 14 mai 2011. "Je venais de nettoyer une chambre voisine, la 2820. Dans le couloir, je demande au collègue qui sort de la 2806 si elle est libre. 'Oui', me dit-il. Conformément au règlement, je crie trois fois 'Housekeeping' ('Je viens faire la chambre', ndlr). Personne ne répond. Donc j'entre en laissant la porte entrouverte. La suite 2806 est très grande. Je ne vois aucun bagage. Dans le salon, je répète : 'Housekeeping !' Je m'apprête à entrer dans la chambre, sur la gauche, quand je vois apparaître cet homme nu. Alors, je m'écrie : 'Oh mon Dieu ! Je suis désolée'. Puis tout est arrivé… Et quand cela a été fini, je me suis enfuie en crachant partout", s'est-elle remémorée dans Paris Match.
Nafissatou Diallo a eu "envie de se suicider"
Nafissatou Diallo persiste et signe, elle n'a jamais menti. Pourtant, en mai 2011, l'ancien ministre de l'Économie a plaidé "non coupable" pour les faits dont il a été accusé, et a finalement été libéré sur parole. Le procureur doutait de la crédibilité de la femme de chambre...
"J'ai dit la vérité. J'ai été piégée et trahie. Je ne me remettrai jamais de la façon dont les procureurs de New York m'ont traitée. À cause de ce qu'ils m'ont fait subir, j'ai eu envie de me suicider. J'ai été traitée de prostituée", a-t-elle déploré.
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— Paris Match (@ParisMatch) September 9, 2020
Nafissatou Diallo, "privée de justice"
Mais elle n'a aucun regret. "Si c'était à refaire, je referais exactement pareil. Ce qui est arrivé m'est tombé dessus. J'ai dit la vérité et j'ai été privée de justice", a-t-elle assuré. La femme de chambre est convaincue que "l'argent et le pouvoir" ont été la planche de salut de Dominique Strauss-Kahn. "Je vous assure que s'il avait été pauvre, à la rue, un clochard, il serait aujourd'hui en prison", a-t-elle lâché.
En décembre 2012, après que la femme de chambre et l'ancien candidat à l'élection présidentielle ont tous deux déposé une plainte devant le tribunal civil, ce dernier a convenu d'un "accord confidentiel" financier avec Nafissatou Diallo, afin qu'elle garde le silence. Mais le cauchemar ne s'est pas pour autant achevé.
Nafissatou Diallo, menacée de mort : et maintenant ?
La femme de chambre a reçu de nombreuses "menaces de mort". Impossible aussi de retrouver l'anonymat. "J'ai été submergée de lettres, d'inconnus le plus souvent, qui me parlaient comme si j'avais touché le jackpot et me demandaient de l'argent. Certains m'accusaient d'avoir piégé DSK, de l'avoir fait chanter. Il y a eu tout un tas de théories du complot… J'ai dû quitter mon appartement, emménager dans un immeuble sécurisé en dehors de New York", a-t-elle raconté, toujours dans Paris Match.
Malgré tout, après la descente aux enfers, Nafissatou Diallo souhaite que son cauchemar puisse aider d'autres femmes : "Je veux créer une fondation dont j'ai déjà le nom en tête pour aider les femmes qui, comme moi, sont arrivées en Amérique sans éducation, sans même parler la langue, et qui ont vécu des situations horribles (…) Je ne m'étais jamais considérée comme une militante féministe, mais je veux que ce qui m'est arrivé serve aux autres".
Elle nourrit même l'espoir de sortir prochainement un livre. Elle souhaite raconter son histoire et enfin s'approprier son passé pour affronter l'avenir. D'ici 2021, l'affaire qui a tant défrayé la chronique devrait également faire l'objet d'un documentaire commandé par Netflix.
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